poniedziałek, 30 kwietnia 2012

L'HISTOIRE D'UN ACTEUR NOVICE


C’est l’histoire d’un acteur novice, censé faire ses débuts sur scène dans un rôle limité à la simple réplique: « Votre Majesté, le vassal obéissant que je suis vient ici pour vous rendre hommage ».

Le jeune homme consacra d’abondantes réflexions à l’unique ligne de son texte mais, comme il restait dans le doute quant à la meilleure façon de déclamer celle-ci, il résolut de demander conseil à un acteur plus âgé et plus expérimenté.

Le maître se prononça ainsi: « Jeune homme, concentrez-vous sur la situation et demandez-vous qui, dans cette scène, est le personnage essentiel. Dans la mesure où c’est le roi, il importe fort peu, dès lors, de savoir qui lui rend visite. Vous devez donc mettre l’accent sur les mots Votre Majesté ».

Le débutant remercia son aîné mais, en son for intérieur, il n’était toujours pas persuadé d’avoir obtenu la réponse qu’il était venu chercher. Il décida donc de demander l’avis d’un autre vieil habitué des planches, qui lui enseigna une façon différente de formuler la même réplique. « Jeune homme, chacun aura compris que le roi est déjà présent: il importe donc de savoir QUI vient lui faire allégeance, et voilà pourquoi vous devez mettre l’accent sur le vassal obéissant que je suis ».

Inutile de préciser que cette réponse ne suffit pas davantage à satisfaire le jeune acteur. Il alla donc voir encore un autre conseiller, qui lui proposa encore une autre façon d’accentuer la fameuse réplique. « Eh quoi, jeune homme, chacun voit bien que le suzerain est le héros principal, et que le vassal se déplace à sa rencontre. La chose importante, ici, c’est l’objet de sa visite. En conséquence, veillez à souligner la partie de phrase qui explique que le vassal est là pour rendre hommage ».

Quand arriva enfin le soir de la première, le jeune homme se trouva hors d’état d’articuler le moindre mot. Il y eut un instant très éprouvant de silence total, après quoi l’acteur chevronné qui jouait le rôle du roi prit conscience de la pression que le trac exerçait sur son cadet, et lui lança: « Eh bien, jeune homme, n’êtes-vous point parvenu jusqu’ici afin de rendre hommage à votre souverain ? » Mais le pauvre néophyte, en réponse, fut incapable d’émettre autre chose qu’un murmure étouffé : « Mm-hmm… ».

Voilà pour l’histoire à laquelle, pour ma part, je me suis efforcé de construire une autre fin. Me plaçant dans la peau d’un quatrième vieux sage auprès duquel le jeune acteur serait venu prendre conseil, j’imagine que je lui aurais probablement dit: « Jeune homme, récitez votre texte de la façon qui vous plaira, mais assurez-vous seulement qu’il sonne de manière logique et compréhensible. Voici, par exemple, ce que vous n’êtes en aucun cas supposé dire:

 VotreMa…jestélevas…salobéis…santqueje…suisvientici…pourvousren…drehommage.

Quoique, si vous insistez vraiment, vous puissiez même tenter de faire passer votre texte comme cela. Le problème sera alors de vous trouver un public… ou plutôt, un manager disposé à vous offrir un deuxième contrat. »


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